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Quelques poésies de SENNUR SEZER Traduites par MUSTAFA BALEL |
Sennur Sezer, (née à 12 Juin, 1943), poétesse et écrivaine turque. En 1959 quittant la deuxième de Lycée des Jeunes Filles d’Istanbul elle commença à travailler à l’arsenal à Istanbul. En 1965 elle est devenue correctrice d’imprimerie des Editions de Varlýk. Deux ans après s’est mariée avec Adnan Özyalçýner. Elle travailla comme correctrice d’imprimerie chez plusieurs maisons d’éditions et les journaux, dont Cumhuriyet et Hürriyet. Elle est connue par ses poésies qui relatent les conditions des ouvriers d’un regard féminin bien sensible et décrivant la condition féminine. En 1987 elle eu lauréat de Halil Kocagoz avec Bu Resimde Kimler Var (Qui existent-ils dans cette image ?) ainsi que lauréat de Yunus Nadi, prix prestigieux de poésies, en 2000 avec Kirlenmiþ Kaðýtlar (Les feuilles de papiers salies). Œuvres de poésies Direnç (La résistance), Sesimi Arýyorum (Je cherche ma voix), Bu Resimde Kimler Var (Qui existent-ils dans cette image?), Bir Annenin Notlarý (Les notes d’une mère), Kimlik Kartý (Pièce d’Identité), Kirlenmiþ Kaðýtlar (Les feuilles de papiers salies), Akþam Haberleri (Les informations du soir), et un recueil de poésies pour les jeunes: Pencereden Bakan Çocuk (L’enfant qui regarde par la fenêtre) etc. |
POESIE TURQUE CONTEMPORAINE CHOISIES PAR MUSTAFA BALEL |
AVANT TE FERMER LES YEUX J’ai grandi mon amour en le pelotant C’était une balle de laine, fut attaquée par les mites Les petits soupçons, manque d’argents, liberté. Liberté d’être heureux tandis que les gens meurent Liberté d’errer sans but pendant qu’on écrit des poésies Au lieu de rédiger des proclamations liberté d’écrire des poèmes J’ai grandi mon amour en le pelotant Vas-y, reviens de nouveau au châtiment Supposons que nous surmonterons toutes les difficultés Et que mon visage ne se plisse Tes cheveux ne se blanchissent Les roses s’épanouissent dans notre amour Les enfants n’interrogent point Comme des fleurs dans un vase ils embellissent nos jours J’ai grandi mon amour en le pelotant Essaie de le dérouler, si tu peux Des souffrances, c'est-à-dire des souffrances quotidiennes Transforme-le en responsabilités, Au milieu des licenciements, des morts des amis Des meurtres juvéniles Avant de te serrer les dents Embrasse-moi Avant de te fermer les yeux CHAQUE NUIT DANS MON RÊVE Un oiseau noir fut jeté à la rive Par les vagues dans mon rêve Un oiseau noir Aux ailes polluées par le mazout Son dernier souffle dans le bec Imprécis si c’est une hirondelle ou cormoran Un oiseau immigrant, c’est évident En m’inclinant je ferme ses paupières Les yeux fixés au ciel ne se ferment Dans mon rêve chaque nuit Mon cœur bat follement Tandis que son cœur s’arrête Dans mon rêve chaque nuit Là où l’oiseau noir fut jeté à la rive Une paire de chevaux blancs Se font des caresses se frottant leurs cous Leurs crinières toutes mouillées de sueur Les balles sur leur dos Les entraves aux pieds Se font de caresses Leurs souffles accélèrent le vent Une paire de chevaux de charge Leurs paupières pleines de taches de rousseur Leurs croupes pleines de cicatrices de fouet Se font des caresses se frottant leurs cous La rive tonne par le bruit de leur cœur L’oiseau se traîne par les vagues Et leurs cous palpitent Les balles sur le dos Les entraves à leurs pieds Leurs poulains galopant à la rive Dans leurs têtes JE CHERCHE MA VOIX Je cherche une voix Pour commencer à une nouvelle poésie Inévitable comme un cri d’accouchement Une voix Aussi belle que la première pleure d’un nouveau-né - Car nos cœurs sont ballonnés Des douleurs et durillonnés – Nos mains touchées aux fers ardents Se gonflent, se font des ampoules, se durillonnent Nos cœurs peuvent résister au feu et au fer Forgés par la douleur Ils sont aciérés Mais, là, tout au fond, une graine toute petite Bouillonne avec le bleu du ciel Ce sont les mèches des fillettes Et l’espièglerie de gamins qui font bouillir cette larme Je cherche une voix Pour une nouvelle chanson Une voix qu’on accueillera avec espoir, joyeusement Comme les premiers mots de petits enfants Car désespoir est interdit L’arbre gelé drageonnera Rocher se lézardera, la semence germera Mais autant j’ai tu que j’ai perdu ma voix Ma langue se durillonna Ma main n’a plus peur de feu Mes ongles sont coupés courts comme ceux de toutes les femmes de mon pays Je peux tenir une marmite sur le feu sans brûler celles-ci Je serre la braise sur le cœur Mon cœur protège l’espoir avec ses durillons Le noyau qui attend le printemps avec une faible lueur N’a peur du feu Je cherche une voix Pour commencer à une nouvelle poésie A mesure que la nuit tombe toute noire se rapproche le soleil La neige nourrit le blé La glace protège les poissons dans le lac Et les perce-neiges ne meurent dans la glace Le jour qui arrive au bout d’une épine Comme un arbousier J’attends le soleil Pour finir la poésie. |