D'UNE LANGUE ÉTRANGÈRE FORCÉMENT CHOISIE À LA FRANCOPHONIE Pourquoi écris-je en français? Voilà une question qu’on m’adresse de temps en temps par mes amis, et par mes lecteurs, plus souvent par mes lecteurs français. Il me semble qu’il y a un malentendu ici ; oui, j’écris en langue française, mais pas très souvent. Ecrire, c'est comme donner... Donner son expérience, donner ses convictions, donner des explications, donner de soi... de son temps... de sa culture… de sa civilisation… Transporter le passé au futur… Donc, écrire est tout d’abord bien aimer l’avenir... Ecrire c'est un mode de vivre pour un écrivain. Et ce même mot écrire porte, parallèlement, en son intérieur une nécessité d'un public de lecteurs. A mesure que ce public grandit, l'écrivain goûte une satisfaction de ses écrits. C’est le signe qu’il peut partager ses convictions, ses expériences avec beaucoup de personnes… C'est sa nature. S'exprimer à un public qui s'élargit d'un jour à l'autre… Pourtant tous les écrivains du monde n'ont pas de chance à ce propos ; la plupart d'entre eux ne peuvent s'exprimer qu'à un public limité. De nos jours, il n'y a que certaines langues qui permettent de s'adresser à un grand public plus ou moins mondial, comme par exemple l'anglais, le français ou bien l'espagnol et le portugais… Ainsi, on peut facilement remarquer que le turc, ma langue maternelle, n'existe malheureusement pas parmi ces langues chanceuses. Malgré qu'elle fasse partie d'une famille de langues assez peuplées, la langue turque, ayant subit une évolution radicale durant presque une dizaine de siècles, reste aujourd'hui comme une langue tout à fait différente parmi ses homologues de la même famille, et c'est ainsi que je me sens enfermé dans une immense boîte dans laquelle je ne pourrai m'exprimer qu'à un maximum de 70 millions de personnes (y compris les Turcs vivant en Europe). Donc il me restait une chose : utiliser mon français, cette deuxième langue que j'utilisais depuis plus de trente ans pour suivre la littérature française et francophone, mais aussi pour faire connaître une liste d'œuvres d'écrivains français aux lecteurs de mon pays grâce à la traduction. Mon français, ma deuxième langue qui n'est pas celle d'un de mes parents, n'est qu'une langue involontairement apprise avec zèle et enthousiasme. Involontairement ?... Mais oui… Au début c'était justement cela… A cette époque, à la deuxième moitié des années 1950, à la suite de l'école primaire qui dure cinq années, il y avait un enseignement intermédiaire de trois ans dit "école secondaire" qui préparait les élèves au lycée… L'enseignement d'une langue étrangère commençait avec cette école secondaire et à cette époque parmi les trois langues (anglais, français, allemand) l'anglais était plus populaire. Puisque tout le monde préférait cette langue, il était presque impossible de trouver des élèves voulant qu'on leur enseigne la langue française, ni celle d’allemande. Alors il ne restait que la loterie ! Pendant les inscriptions des élèves à ce genre d'école, les dirigeants de celles-ci faisaient un tirage au sort… |
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